46
Views
0
CrossRef citations to date
0
Altmetric
Sémantique lexicale/ Lexical semantics

L’énigme ontologique des démonstratifs cataphoriques

Pages 68-82 | Received 09 Jan 2023, Accepted 14 Jul 2023, Published online: 26 Oct 2023
 
1

RÉSUMÉ

We propose to pay homage to the memory of Michael Herslund by trying to solve an enigma posed by the study of cataphoric demonstrative noun phrases: why is it not possible to have as a subsequent of a cataphoric demonstrative a segment that refers to an entity of the 1st order, whereas such a reference is allowed if it is anaphoric? In other words, why don’t we have the cataphoric correspondent (2) of the anaphoric sequence (1): (1) Il n’avait plus confiance en Philippe. Ce copain d’enfance n’a jamais répondu à ses appels à l’aide (2) ?? Il retrouva ce copain : Philippe. The answer to this question is provided by the unexpected connection between cataphoric demonstratives and ostensive demonstratives.

Disclosure statement

No potential conflict of interest was reported by the author(s).

Notes

1 Voir, à cet égard, par exemple, les articles consacrés au participe présent et au gérondif (Herslund Citation2000, Citation2006) qui sont tout particulièrement tonifiants et novateurs.

2 On peut avoir cet ordre, comme me l’a fait remarquer fort justement un des relecteurs, s’il y a une pause entre le SN démonstratif et le nom propre : Il n’avait plus confiance en ce copain d’enfance, (pause) Philippe. L’interprétation de la pause est alors proche de celle de ‘à savoir’ : Il n’avait plus confiance en ce copain d’enfance, à savoir Philippe.

3 Qui s’opposent aux exophoriques (voir par exemple la classification Fraser et Joly Citation1979, Citation1980).

4 Voir pour un historique des notions d’anaphore, de cataphore et de deixis, Perdicoyanni-Paléologou (Citation2001).

5 Il y a quatre autres contraintes.

(I) une contrainte formelle sur le subséquent du SN démonstratif : le subséquent ou postcédent doit être complexe et non segmental, d’où l’appellation de SN résomptif pour l’expression cataphorique (Maillard Citation1974).

(II) une contrainte sur le type de SN démonstratif. Seuls trois types de SN démonstratifs peuvent y figurer : le pronom dit neutre ceci (Theissen Citation2008), des SN de type Ce + N dont la tête nominale correspond à un nom général (Kesik Citation1989, 44), ou à un N de qualité (Milner Citation1978) appelé épithétique chez Kesik (Citation1989, 44) ou encore à un N dicendi (cf. parole, mot, discours, etc.) et le pronom hybride celui-ci (Kesik Citation1991).

(III) une contrainte constructionnelle constituée de trois éléments : la construction est transphrastique, le subséquent est construit de manière asyndétique (Kesik Citation1989), la contiguïté entre le SN démonstratif et le subséquent (Theissen Citation2008).

(IV) une contrainte informationnelle : la cataphore s’accommode très bien des énoncés thétiques (Cornish Citation2021 ; Kuroda Citation1973), mais non des énoncés catégoriques ou thématiques (Kesik Citation1989, 102).

6 On rappellera que les entités du premier ordre correspondent aux personnes, animaux et autres organismes et objets physiques. Ces entités se localisent dans l’espace et présentent des propriétés perceptives relativement constantes.

7 Les entités du 2e ordre correspondent aux événements, procès et situations qui sont localisés dans le temps et qui, pour reprendre les paroles de Lyons (Citation1977, 443), sont dites « to occur or take place, rather than to exist ».

8 « Les entités du 3e ordre sont des entités abstraites, en dehors du temps et de l’espace, comme les concepts, les propositions ou les idées ».

9 Nous reviendrons ci-dessous sur la contrainte d’appariement (matching constraint) de Hawkins (Citation1978).

10 Cf. par exemple l’emploi sans antécédent textuel du pronom personnel il dans Mais il est fou! (dans la situation où locuteur et interlocuteur sont face à une personne qui se conduit de manière insensée).

11 Voir note précédente.

12 Au moins pour la plupart d’entre eux.

13 Voir par exemple Kleiber (Citation1986).

14 C’est à CitationReichenbach ([1947] 1966, 284) que l’on doit cette conception.

15 Essentiellement, parce que, si le point de départ d’une chaîne indexicale est toujours la contiguïté, il n’en va pas ainsi nécessairement des maillons suivants.

16 L’argument de la discordance ontologique suppose également que l’on explique pourquoi, en référence anaphorique, la discordance ne bloque pas le lien référentiel. Mais c’est là un autre problème que nous n’aborderons pas ici.

17 La littérature sur la cataphore a généralement mis en relief la contiguïté exigée dans de tels emplois.

18 Il ne peut évidemment s’agir de l’espace qui précède, puisque dans ce cas le référent est déjà introduit et ne peut plus être montré comme un référent à introduire.

19 C’est pour ce cas que l’on peut parler de deixis discursive. Voir pour le français, l’étude de Maass (Citation2010).

20 Une reproduction fixe, type dessin, photo ou tableau, permet de représenter non seulement des entités du 1er ordre, mais également des entités du 2e ordre (événements, situations).

Reprints and Corporate Permissions

Please note: Selecting permissions does not provide access to the full text of the article, please see our help page How do I view content?

To request a reprint or corporate permissions for this article, please click on the relevant link below:

Academic Permissions

Please note: Selecting permissions does not provide access to the full text of the article, please see our help page How do I view content?

Obtain permissions instantly via Rightslink by clicking on the button below:

If you are unable to obtain permissions via Rightslink, please complete and submit this Permissions form. For more information, please visit our Permissions help page.